La tempête Eunice a rageusement frappé nos départements, le 18 février 2022, provoquant de nombreux dégâts sur les exploitations, et plongeant la filière maraîchère des Hauts-de-France dans une situation de crise sans précédent. De nombreuses serres ont été mises hors d’état et les pertes de récolte sous serres atteignaient jusqu’à 100 % !
Face à cet événement et en réponse aux demandes de maraîcher·es de la région, la Confédération Paysanne, Bio en HDF, le CIVAM HDF, Initiatives Paysannes et AMAP HDF ont participé et animé un groupe de travail « tempête Eunice » composé de membres des 5 structures et de nombreux·ses maraîcher·es. Au sein de ce groupe de travail, nous nous sommes organisés afin de soutenir l’ensemble des fermes en maraîchage impactées de la région.
Notre travail coopératif a permis d’établir un état des lieux des fermes impactées précis et très documenté ainsi que les raisons pour lesquelles ces fermes étaient mises en péril si aucune solution de crise n’était trouvée.
Les temps d’échange, de réunion, de travail et d’action de ce groupe n’ont cessé depuis 2022. Nous menons un travail de fonds avec la DRAAF sur l’offre assurantielle aujourd’hui inadaptée pour les serres. Notre groupe s’est de nouveau mobilisé suite aux inondations du 20 juin 2023, à la tempête Ciaran et aux inondations de cet automne. Tous ensemble, nous participons à des réunions de cellule de crise, nous échangeons avec les autorités et institutions compétentes et portons la voix des paysan·nes impacté·es.
Interview d’Estelle France, paysanne en AMAP sur la ferme « Au Marais sage » avec Martin et Sophie. Estelle est également co-secrétaire du Comité inter-départemental de la Confédération paysanne Nord Pas-de-Calais et elle participe depuis 2022 au groupe de travail inter-structures.
Crédit photo ©Sandrine Mulas
Peux-tu nous présenter ta ferme ?
Estelle : Notre père, Pascal France, pionnier du maraîchage biologique sur la région Nord Pas de calais, s’installe à Verton en 1988. 30 ans plus tard, je décide de devenir agricultrice, dans la lignée de nos parents, nos grands-parents, et d’autres générations avant eux. Inspirés par ce retour à la terre, Martin et Sophie me rejoignent en 2020. Martin s’associe sur la partie maraîchage, Sophie confectionne du pain bio au levain. Depuis 2020, nous sommes soutenus par l’association Terre de Liens, qui nous a permis d’accéder au foncier grâce à l’épargne solidaire citoyenne. Nous approvisionnons l’AMAP Pas’sage de Berck-sur-mer.
En quelques mots, peux-tu présenter la Confédération Paysanne ?
Estelle : La Confédération Paysanne est un syndicat professionnel qui a plusieurs objectifs : défendre, c’est à dire aider les membres qui rencontrent des difficultés particulières ; et représenter : nous menons des actions militantes pour soutenir une personne, une filière ou toute la profession ! Nous siégeons dans les instances professionnelles (Chambre d’Agriculture, CDOA, Safer,…) et nous soutenons des plaidoyers – avec nos revendications pour le monde paysan – auprès d’acteurs privés et publics.
Suite aux tempêtes Eunice et Franklin, les paysannes et paysans impacté·es ont appelé et/ou accepté qu’un travail entre nos structures s’organise en totale coopération. Cette coopération est-elle importante pour toi ?
Estelle : Oui, c’est important et naturel pour nous ce type de coordination. Face aux chocs climatiques qui touchent de plus en plus souvent nos fermes, c’est important d’agir ensemble. Il vaut mieux travailler en réseau pour faire bouger les choses !