InitiĂ© lors du Grenelle de lâenvironnement en 2007 pour ouvrir une nouvelle voie que celle du bio et de lâagriculture conventionnelle, câest en 2012 que le label HVE voit le jour. Seul le troisiĂšme niveau de cette certification permet lâapplication du logo HVE sur les produits de consommation. Ce niveau est plus exigeant en ce qui concerne notamment la biodiversitĂ©, la fertilisation des sols, la protection des cultures et la gestion de lâeau. Les belles annonces faites sur le papier peuvent sĂ©duire les consommateur·trices qui ont vu dĂ©ferler sur les Ă©tals de la moyenne et de la grande distribution, le macaron cuivrĂ© accompagnĂ© des mots rassurants « Haute valeur environnementale ». Les distributeurs se frottent les mains pour vendre, Ă moindre frais, des produits Ă forte visibilitĂ© perçus comme Ă©tant un gage de sĂ©rieux.
Le gouvernement encourage vivement lâobtention de ce label, dĂ©livrĂ© par le MinistĂšre de lâagriculture français en fonction dâun cahier des charges peu contraignant, parfois sans objectif chiffrĂ©. Le label agriculture biologique (AB) est dĂ©livrĂ© en fonction dâun cahier des charges europĂ©en bien plus exigeant et rigoureux : il interdit clairement lâutilisation de produits chimiques de synthĂšse et dâorganismes gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©s, alors que le label HVE permet lâutilisation des pesticides. Inutile de rappeler que les intrants chimiques sont nocifs pour la biodiversitĂ©, les sols, lâeau, lâair et la santĂ©. Par ailleurs, le label « HVE » prend peu en compte les notions de commerce Ă©quitable, de bien-ĂȘtre animal et de rĂ©munĂ©ration.
LâidĂ©e de crĂ©er une troisiĂšme voie agricole est intĂ©ressante, dans la mesure oĂč cela reprĂ©sente un premier pas en direction de lâagroĂ©cologie ou dâune conversion en AB. Cependant, onze ans aprĂšs son lancement, le constat est amer. Une confusion sâest installĂ©e entre le label HVE et le label AB. Il semble que la communication et les moyens dĂ©ployĂ©s par le gouvernement français pour le label HVE l’ont Ă©tĂ© faits au dĂ©triment dâun soutien affichĂ© au dĂ©veloppement de lâagriculture biologique sur le territoire, au plus prĂ©s des habitants. Par exemple, depuis lâadoption de la loi Egalim en 2018, les produits issus de la certification HVE ont un accĂšs prioritaire pour lâapprovisionnement des Ă©tablissements de restauration collective.
Cet Ă©tat de fait limiterait vraisemblablement le dĂ©veloppement de la conversion en agriculture biologique, alors que le souhait affichĂ© initialement Ă©tait de basculer vers une conversion en agriculture biologique (rappelons qu’en Hauts-de-France, 62 096 hectares sont en bio ou en conversion, ce qui reprĂ©sente 2,9% de la SAU* rĂ©gionale). Il aurait Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable que le MinistĂšre de lâAgriculture affiche une ambition beaucoup plus engagĂ©e pour le label HVE, tant au niveau environnemental que sanitaire. La HVE sâavĂšre ĂȘtre finalement un outil de communication visant Ă faire du « greenwashing », trompeur pour les consommateur·ices et dĂ©loyal par rapport au label AB. Dâailleurs, plusieurs associations (GĂ©nĂ©rations futures, UFC que choisirâŠ) ont procĂ©dĂ© Ă un recours auprĂšs du Conseil dâĂtat pour dĂ©noncer cet Ă©tat de fait en janvier 2023.
Tandis que lâĂtat sâĂ©vertue Ă dire que ces deux labels sont complĂ©mentaires, il reste Ă dĂ©montrer aujourdâhui que la certification HVE permet une transition intĂ©ressante pour passer de lâagriculture conventionnelle Ă lâagriculture biologique, en toute transparence et dans le respect d’une hiĂ©rarchie des normes qui installerait le bio en haut de la pyramide.
* SAU = surface agricole utile
Pour aller plus loin :
- « Haute valeur environnementale (HVE) – Quelles diffĂ©rences avec l’agriculture bio ? », un dossier complet sur le sujet rĂ©digĂ© en juillet 2023 par lâassociation GĂ©nĂ©rations futures, association qui fait un travail remarquable pour la dĂ©fense du vivant.
- ActualitĂ© : Le ministre de l’agriculture a pris le 3 octobre 2023 un arrĂȘtĂ© fixant le montant des avances pour les diffĂ©rents niveaux de l’Ă©corĂ©gime dans la PAC. Le montant de cette avance pour la bio est de 92,05 âŹ/ha, contre 110âŹ/ha annoncĂ© dans le Plan StratĂ©gique National. Ces montants sont dus aux prĂ©visions et calibrages de l’Ă©corĂ©gime par le ministĂšre qui avait sous-estimĂ© le nombre d’engagements notamment dans le niveau 2 de l’Ă©corĂ©gime (celui correspondant Ă la HVE). Si cela n’a pas encore Ă©tĂ© annoncĂ© officiellement, il faut donc s’attendre Ă ce qu’il n’y ait pas de solde Ă une date ultĂ©rieure et que le montant unitaire pour l’Ă©corĂ©gime bio reste Ă 92,05âŹ/ha, au lieu des 110âŹ/ha annoncĂ©s dans le PSN et des 145âŹ/ha que la FNAB demande depuis le dĂ©but de la nĂ©gociation.
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