A la rencontre d’Alice Auvray et Quentin Vuillot, de la ferme du bois de Chantrud
Quel plaisir que de rencontrer de jeunes paysans pleins de convictions, qui ont les pieds sur terre, les mains dans la farine et la tĂȘte rĂ©solument tournĂ©e vers un monde meilleur. Produire oui, mais dans le respect de ce qui les entoure !
Alice et Quentin forme un couple de trentenaires qui a pris le train en marche en reprenant lâexploitation familiale en 2018. Il faut dire que dans la famille Vuillot, on nâa pas chĂŽmĂ© : dĂšs 2001 la ferme de Chantrud a entrepris une conversion partielle en agriculture biologique et depuis 2015, câest lâintĂ©gralitĂ© de la ferme qui est convertie en AB.
Le couple, animĂ© par le lien au sol et le respect du vivant, est Ă©galement attachĂ© au bien ĂȘtre animal de ses 190 poules rousses.
Sur prĂšs de 145 hectares, la ferme dispose tout autour dâelle dâune belle diversitĂ© de cultures : blĂ©, grand Ă©peautre, engrain (petit Ă©peautre), avoine, orge, seigle, lentilles vertes, poix, fĂ©veroles, maĂŻs, tournesol, cameline, phacĂ©lie, sarrasin⊠Ici, les associations de plantes sont frĂ©quentes – par exemple, cameline et lentille – et la dĂ©marche en faveur de la biodiversitĂ© est globale. Les abeilles des ruches installĂ©es sur les terres nâont pas besoin dâaller bien loin pour se nourrir, grĂące Ă lâĂ©talement des rĂ©coltes des diffĂ©rentes espĂšces vĂ©gĂ©tales.
Il y a une forme dâĂ©merveillement dans les yeux de Quentin et Alice, devant la richesse de la biodiversitĂ© – animaux, insectes, oiseaux – favorisĂ©e par la pratique de lâagriculture biologique ainsi que par la prĂ©sence dâarbres – comme par exemple la haie gĂ©ante plantĂ©e plusieurs annĂ©es auparavant, quâAlice et Quentin aimeraient prolonger jusquâau marais pour crĂ©er une continuitĂ© Ă©cologique. Quelques hautes touffes dâherbes marquent encore, par endroit, le passage du pĂąturage des moutons de lâan passĂ©.
Aujourdâhui, ce patrimoine qui les fait vivre demande Ă ĂȘtre consolidĂ© et amendĂ© tout en bĂ©nĂ©ficiant des fruits des initiatives passĂ©es. La dĂ©marche est globale, y compris la rĂ©flexion sur la gestion de la ressource en eau suite Ă lâĂ©volution des changements climatiques de ces derniĂšres annĂ©es.
Une fois sortis du cadre bucolique des champs, il reste les rĂ©alitĂ©s du quotidien : gĂ©rer le temps et lâorganisation, dĂ©gager des salaires, gĂ©rer les alĂ©as techniques et mĂ©tĂ©orologiques, sâoccuper des dĂ©marches administratives et de la comptabilitĂ©…
Câest par la motivation et la volontĂ© quâAlice, Quentin et leurs employĂ©s perpĂ©tuent la vie sur la ferme et sâouvrent sur lâextĂ©rieur. Certains dĂ©bouchĂ©s sont consolidĂ©s comme les livraisons de farine, dâhuile, de lentilles, de pĂątes et dâĆufs en AMAP (Soissons, Saint-Quentin, Laon) ou dans deux des rares marchĂ©s bio de la rĂ©gion (le marchĂ© de la ferme de la Genevroye de SĂ©bastien Hincelin Ă Rocourt-Saint-Martin et le marchĂ© bio et local d’EtrĂ©aupont en ThiĂ©rache).
A la ferme de Chantrud, on essaie de reproduire ses propres semences pour viser l’autonomie. Alice et Quentin ont expĂ©rimentĂ© la culture des blĂ©s anciens – « la variĂ©tĂ© Chantrud » – et recherchent des dĂ©bouchĂ©s pour Ă©couler leur stock. Pour l’instant, ces blĂ©s anciens n’ont pas Ă©tĂ© re-semĂ©s, par manque de stockage et de reconnaissance commerciale.
L’atelier poules pondeuses n’Ă©chappe pas Ă l’envie d’aller plus loin dans l’autonomie et la rĂ©silience. Il est aujourd’hui difficile de trouver des partenaires qui travaillent sur toute la chaĂźne – du poussin Ă lâĆuf. Alice et Quentin aimeraient trouver des races de poule plus rustiques, qui seraient moins sensibles aux intempĂ©ries et aux variations nutritionnelles. Pourquoi pas monter un partenariat avec des Ă©leveurs de poussins, en associant les AMAP Ă la dĂ©marche ?!
Comme vous l’avez compris, la ferme de Chantrud est mise en lumiĂšre par son histoire, sa transmission rĂ©ussie et lâĂ©tat dâesprit sain et constructif de ceux qui y travaillent tout en prĂ©servant le vivant.
Notre visite de la ferme de Chantrud nous a donnĂ© envie d’en savoir plus sur les blĂ©s anciens. AnaĂŻs Primault, animatrice du groupe « Semences paysannes » de l’association Initiatives Paysannes, a acceptĂ© de s’entretenir avec nous et de nous en dire plus sur le sujet : lire notre article « Le renouveau du blĂ© ancien ».
Merci à Alice et Quentin pour leur accueil chaleureux et leur disponibilité !
Par Benoßt Perin, administrateur et Zoé, animatrice du Réseau des AMAP Hauts-de-France